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Section du Rhône de la SEMLH

Maréchal Général de France TURENNE

(1611 — 1675)

Un monument français en territoire allemand

maréchal de turenneLe voyageur qui, ayant franchi le RHIN, parcourt la plaine du pays de BADE peut, en sortant de l'autoroute au niveau d’ACHERN, visiter près de SASBACH un monument dressé sur le lieu où fut tué au combat, le 27 juillet 1675, le vicomte de TURENNE, un des plus grands hommes de guerre français.
Le monument est composé de deux éléments :

Une pierre de section triangulaire, haute de 1,70 m. qui porte en français, en latin et en allemand lale monument mention « ici fut tué TURENNE ». Cette pierre a été placée en 1767 à l'initiative du cardinal de ROHAN, prince évêque de STRASBOURG et seigneur de SASBACH.

Sous le roi de France CHARLES X a été érigé un obélisque de onze mètres de haut, sur la base duquel sont gravés les noms des victoires remportées par TURENNE.

Selon une notice touristique locale, le site serait depuis 1803 propriété de l'État français. Détruit le 26 Septembre 1940 sur l'ordre des autorités nationales socialistes, le monument a été rétabli par l'armée française et inauguré par le général DE GAULLE le 5 octobre 1945.

 

Inauguration nouveau monument

Le vicomte de TURENNE, maréchal-général de France

Henri DE LA TOUR D'AUVERGNE, fils du duc de BOUILLON, naquit à SEDAN en 1611, dans une famille protestante. Sa carrière se déroule sous le règne de LOUIS XIII et dans la première partie de celui de LOUIS XIV.

Voué au métier des armes, soldat à quinze ans, il parvint à 32 ans au grade de maréchal de camp, assez comparable au grade actuel de général de brigade.

Il participe, ainsi que CONDÉ, à la GUERRE DE TRENTE ANS, conflit interallemand dans lequel RICHELIEU engagea la France pour lutter contre la puissance menaçante des HASBOURG d'Espagne et d'Autriche, et c'est sa victoire de ZUSMARSHAUSEN qui mit fin à la guerre contre l'Autriche et permit à la France d'annexer l'Alsace (moins STRASBOURG) dans le cadre des traités de WESTPHALIE (1648).

Après la période très troublée de la FRONDE (1648-1652), il servit fidèlement le pouvoir royal et remporta en 1658 la victoire des DUNES, près de DUNKERQUE sur les Espagnols et leur allié CONDÉ, entré en rébellion depuis la FRONDE. Par le traité des PYRÉNÉES (1659), l'Espagne céda à la France l'Artois, le Roussillon et la Cerdagne, et accepta le mariage de l'infante MARIE-THÉRÈSE avec le jeune roi LOUIS XIV. En signe de reconnaissance royale TURENNE fut élevé en 1660 à la dignité unique de « maréchal-général des camps et armées de France ».

Pendant la GUERRE DE DEVOLUTION (1667-1668) il envahit les Pays-Bas espagnols (Belgique) dont la France put annexer une partie avec DOUAI et LILLE (traité d'AIX-LA­CHAPELLE).

Sa conversion au catholicisme en 1668 fut une des abjurations les plus marquantes résultant de la politique royale de répression du protestantisme.

Au début de la GUERRE DE HOLLANDE (1672-1678), TURENNE et CONDÉ, après le franchissement du RHIN au gué de TOLHUIS rendu célèbre par le tableau de LEBRUN (VERSAILLES), pénétrèrent dans le Sud de la République protestante des PROVINCES-UNIES, mais ils furent arrêtés par la décision spectaculaire des Hollandais qui inondèrent tout le bas pays, en ouvrant les écluses. Le roi d'Espagne et l'empereur germanique étant venus au secours des Provinces-Unies, la guerre se poursuivit sur plusieurs fronts et TURENNE eut à défendre l'Alsace où les impériaux pénétrèrent en octobre 1674, les bourgeois de STRASBOURG leur ayant livré le pont de KEHL sur le RHIN. Trop inférieur en nombre, TURENNE fit en novembre ostensiblement retraite par le col de SAVERNE, et les impériaux se disposèrent à prendre leurs quartiers d'hiver en Alsace. Mais, passé à l'Ouest des Vosges, TURENNE conduisit ses troupes vers le Sud, par une marche de 27 jours, dans la neige et le froid, et déboucha le 27 décembre à BELFORT ; les impériaux, complètement surpris et désorganisés, furent bousculés à MULHOUSE le 28 décembre et sévèrement battus à TURKHEIM le 5 janvier 1675 ; le 14 janvier, après une campagne de 16 jours, ils avaient tous repassé le RHIN.

TURENNE, réputé pour sa prudence, venait, à 64 ans de faire preuve d'une hardiesse de conception et d'une rapidité d'exécution qui firent de cette campagne d'Alsace son chef- d'œuvre. Mandé à SAINT-GERMAIN par LOUIS XIV, il fut acclamé dans les villages par les habitants reconnaissants de les avoir sauvés de l'invasion.

Mais quelques mois plus tard, passé sur la rive droite du RHIN, il préparait une offensive quand il fut tué par un boulet à SASBACH.

La mort de TURENNE fut un deuil public que relatent plusieurs lettres de madame de SÉVIGNÉ : « le roi en fut affligé.., toute la Cour en larmes, et monsieur de CONDOM (BOSSUET) pensa s'évanouir...Jamais un homme n'a été regretté si sincèrement...Tout PARIS était dans le trouble et dans l'émotion ». Aimé et respecté des soldats, il jouissait d'une renommée telle que son personnage trouva place dans une chanson

« Ils ont traversé le RHIN

Avec monsieur de TURENNE,

Avec fifres et tambourins,

Ils ont traversé le RHIN…»

Bien qu'il n'ait pas connu la paix de NIMÈGUE (1678) qui mit fin à la GUERRE DE HOLLANDE et permit à LOUIS XIV d'enlever à l'Espagne la Franche-Comté et de nouvelles places de Flandre (VALENCIENNES, MAUBEUGE, CAMBRAI) TURENNE a brillamment contribué à gagner à la France plusieurs territoires de première importance.

 

R. GAUTHIER Inspecteur Général (h) de l'Instruction Publique

mort de Turenne

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